L’un des deux nouveaux champs de vision de cette seconde édition de RECIPROCITY est le design graphique, avec une attention particulière portée sur le graphisme et la communication visuelle en tant qu’outils d’expression citoyenne pour le changement social. Les différents éléments du projet Printed Commons adressent leur expression sous les angles de l’intervention dans l’espace public et le partage tangible de savoirs.
On constate une prise de conscience croissante de l’innovation sociale, des communautés actives. Adoptent-ils le graphisme de manière différente ?
TS : Absolument. Les outils se sont largement démocratisés et je pense que c’est formidable mais avoir un soutien pédagogique ou didactique en matière de langage visuel est primordial également. Les outils informatiques et les logiciels ne suffisent pas à réaliser quelque chose de valable auquel les gens réagiront. Il y a beaucoup de passerelles entre les processus actifs d’innovation sociale et les flux de travail du graphiste, je pense. Il y a, tout d’abord, l’étape de collecte d’informations qui permet d’explorer et de comprendre le véritable problème ou le défi à relever.
Ensuite, survient le grand fossé à combler par la création : 30 à 40 % de chaque projet devrait ainsi avoir une composante artistique. Il faut donner de la beauté au message, y ajouter quelque chose. Cependant, il est primordial de préserver un équilibre entre la prise de position et l’esthétique.
NB : Le design graphique a toujours occupé une place relativement exceptionnelle dans l’histoire du design car sa « fonctionnalité » est directement liée à la pensée, aux idées et aux images. Il est plus question de concevoir une idée qu’une fonction. Par conséquent, le graphisme est étroitement lié à l’innovation sociale, même si bon nombre d’auteurs ont bataillé avec les pratiques collectives dans le passé. Cependant, aujourd’hui, être auteur signifie avoir une approche esthétique mais éthique et qui finit par trouver sa forme, tandis que la contribution des collectifs de design est plus importante que jamais.
Extrait d’interview par Emma Firmin figurant dans la publication RECIPROCITY 2015 / About Social Innovation
Photography © Germain Ozer